Accueil > Nos Actions > Journal de Bord des Opérations > Vacances Scientifiques > Ski & Cristaux de neige (du 26 Décembre 2015 au 2 Janvier 2016)
Introduction
L’objectif pour cette mission : découvrir la diversité des cristaux de neige, comprendre leurs conditions de cristallisation dans le ciel et d’évolution dans le manteau neigeux. Ces connaissances nous permettent d’aborder les risques d’avalanche qui découlent de la transformation de la neige. En fonction du climat, la situation sur Terre change et le paysage évolue, en particulier dans les régions montagneuses.
Cette semaine chacun va pouvoir s’amuser tout en pratiquant son sport préféré : randonnée, course, raquette ou ski. Et tous vont apprendre sur des thématiques scientifiques passionnantes, abordées dans le cadre des séjours Ski & Cristaux de Neige et Pisteur des Alpes : cristallographie, étude physico-chimique du manteau neigeux, étude des risques d’avalanches, identification d’empreintes et d’excréments d’animaux, écologie et dynamique des grandes populations d’herbivores et enfin sur l’astronomie.
Nos 12 participants de ce séjour scientifique vont avoir de belles découvertes à réaliser tout au long de la semaine !
Le Journal de Bord
Samedi 26 décembre 2015
Arrivée
Laure arrive la première, en fin d’après-midi, au Grand Hôtel du Cervin.
Elle est accueillie par l’éducatrice scientifique Émilie Delpech, responsable du programme de recherche et d’éducation EXPLOREARTH auquel appartient le séjour Ski & Cristaux de neige.
Vient ensuite la famille composée de Jacques, Héléna, Louis et Clara, puis arrive la seconde famille, juste à temps pour le souper composée d’Elie, Nathan, Olivier et Blandine.
Jacques, Héléna, Louis et Clara connaissent bien les cristaux de neige, ils étaient là, un an auparavant à observer et capturer la neige à St-Luc.
Pour le plaisir :
Louis était notre chef quinzee et notre DJ du Nouvel An 2014.
Cette année il revient avec une sélection de chansons, il est prêt à nous faire danser au réveillon.
Quand à Élie, il connaît bien la région du Val d’Anniviers puisqu’il a participé au séjour le TrésOR des MINES cet été avec Émilie. Il a découvert plusieurs mines de la région, traversé les forêts de pin cembro et de mélèze, orpaillé dans les torrents et bivouaqué devant le glacier de Moiry.
Les participants vont découvrir l’équipe motivée d’Objectif Sciences International (OSI), composée d’Anosone, de Sylvain, de Maxime et d’Émilie.
A leur arrivée dans le centre, les participants prennent possession des lieux, s’installent dans leurs chambres respectives et visitent le charmant hôtel du Cervin. Cet hôtel chargé d’histoire, fût construit en 1892. Il surplombe le village de St-Luc et nous offre une ambiance chaleureuse. Depuis sa terrasse on peut observer un splendide panorama avec la plupart des grands 4000 m des Alpes, du Cervin à la Dent Blanche en passant par le Weisshorn.
Après le souper, nous établissons ensemble les règles de vie et le planning de la semaine qui nous attend. Plusieurs surprises attendent les participants cette semaine, dont la soirée astronomique et la rencontre avec un patrouilleur de la station.
Le village de St-Luc n’est pas recouvert de neige, il fait grand soleil depuis des semaines. Mais rassurez-vous les pistes de ski sont ouvertes et des cristaux aux formes intéressantes sont cachés au sein du manteau neigeux.
Dimanche 27 décembre 2015
1. Phase contact
Après un bon petit déjeuner, nous discutons au forum pour partager nos premières impressions ou inquiétudes. Élie, le secrétaire de la séance liste les désagréments à rectifier.
Élie, Clara, Louis et Émilie partent louer leurs skis à Sport 4000, situé au cœur du charmant village de St-Luc. Ce petit village est construit essentiellement avec des chalets en bois de mélèze, qui sont devenus sombres, voir presque noir à cause des rayons du soleil. Ces chalets ont des noms imprononçables, du patois local. Certains chalets sont soutenus par une pierre plate ; il s’agit de raccards et de greniers construits pour sécher et entreposer les céréales et autres denrées alimentaires. Les pierres empêchent les souris de grimper.
Nous prenons le funiculaire à St-Luc pour atteindre le domaine skiable. Nous voilà maintenant prêts pour les pistes et les sciences.
Malheureusement un mal de ventre général nous fait quitter rapidement les pistes. Élie et Émilie auront tout de même le plaisir de s’exercer au tir fesse double et aux pistes rouges.
Nous mangeons notre pique-nique au soleil sur la terrasse de l’hôtel avec l’équipe de Pisteur des Alpes.
L’après-midi chacun se repose dans sa chambre. Pour le goûter Michele, notre cuisinier originaire de Sardaigne nous concocte un délicieux chocolat chaud.
Après le goûter, il est temps de prendre l’air, Maxime organise un jeu, le foot imaginaire.
Ensuite Sylvain et Émilie organisent un rallye photo qui permettra aux participants de découvrir des spécificités locales, comme les bisses (amené d’eau), les armoiries locales ou encore les pierres à cupules.
Un peu d’histoire :
La Pierre des Sauvages
La célèbre Pierre des Sauvages ou Pirra Servagios et ces 350 cupules est la plus grande pierre à cupule de Suisse. En Suisse, on compte plus de mille pierres à cupules. Un faible nombre d’entre elles peuvent être attribuées avec certitude à l’époque néolithique (période de la Préhistoire ou l’agriculture et l’élevage s’intensifient, cette période débute en – 9 000 avant Jésus Christ au Proche-Orient) ; d’autres sont assurément d’époque antique (première période de l’Histoire, marquée par l’apparition de l’écriture en - 3 300 avant Jésus Christ et qui se termine en Europe par le Moyen Age en 476). La grande majorité cependant ne peuvent pas être datées, comme la Pierre des Sauvages. D’autre part on ne sait presque rien de la signification des cupules, mais il semble plausible de les mettre en relation avec des pratiques culturelles.
Urs Schwegler
Ce rallye permet d’atteindre la Pierre des Sauvages, où Sylvain les attend pour leur faire utiliser un DVA (détecteur de victime d’avalanche). Ce petit appareil sauve des vies car il permet de détecter une personne ensevelie sous la neige. Chaque personne qui pratique un sport en montagne l’hiver devrait en posséder un sur lui. Cet appareil permet d’être rapidement retrouvé lorsqu’il est en mode émission ou permet de rechercher des victimes lorsqu’il est en mode réception.
C’est l’occasion d’aborder ce qu’est une avalanche, un phénomène naturel brusque qui correspond à une chute d’une masse de neige qui se détache de la montagne et dévale sur un versant en direction de la vallée. Nous reviendrons à de nombreuses reprises sur cette thématique car il faut connaître le phénomène pour pouvoir évaluer le risque qu’il constitue.
En suivant les indications de direction et de distance affichées sur le DVA mis en mode réception le groupe trouve rapidement le second DVA mis en mode émission et cachée sous la souche d’un arbre. Des papillotes en chocolat récompensent notre quête. Nous rentrons vite à l’hôtel car la nuit est tombée.
De retour à l’hôtel, Blandine organise une séance de Yoga à laquelle assistent Clara, Héléna, Laure et Anosone.
Après le souper nous jouons au Dixit, un jeu pour tous âges qui laisse libre cours à notre imagination.
Malgré les problèmes intestinaux de la journée tout le monde se couche presque guéri et content de cette première journée.
Lundi 28 décembre 2015
2. Phase découverte
C’est une belle matinée de ski pour Élie, Louis et Émilie. Nous enchaînons les pistes sous un soleil radieux. Une bonne partie du domaine skiable est ouvert et il n’y a pas grand monde sur les pistes.
Pendant que nous montons dans le nouveau télésiège de la forêt nous cherchons à comprendre pourquoi on glisse sur la neige avec nos skis. Normalement on ne glisse pas sur la glace, pour preuve, si tu essayes de faire glisser ton doigt sur un glaçon tout juste sorti du congélateur ça ne fonctionne pas. Finalement on glisse car le frottement de nos skis et notre poids fait fondre la glace. Cela crée une fine pellicule d’eau liquide entre ton ski et la glace sur laquelle on peut glisser. Mais attention il ne faut pas une trop grosse épaisseur d’eau sinon on reste collé ! D’où la nécessité de farter ses skis, c’est-à-dire de mettre une couche hydrophobe (substance qui repousse l’eau ou qui est repoussé par l’eau) qui expulse le surplus d’eau sur les côtés du ski.
En haut de la station, au col des Ombrintzes, à 2770 m d’altitude, il est temps pour l’équipe de scientifique de regarder de plus près à quoi ressemble la neige. C’est pour notre équipe le premier contact avec la neige. On s’écarte de la piste, on déchausse nos skis, on quitte nos gants et nos lunettes et on empoigne la neige. Émilie sort le matériel scientifique : loupes, plaques noirs, thermomètre à sonde pour mesurer la température de la neige, thermomètre au mercure pour mesurer la température de l’air, un mètre pour mesurer l’épaisseur du manteau neigeux, une pelle pour creuser et accéder les couches du dessous. Le manteau neigeux est l’empilement des diverses couches de neige déposée au sol. Ces couches connaissent chacune une histoire météorologique particulière déterminant leur évolution et leur conférant des caractéristiques propres. Le manteau neigeux présente donc une stratification bien visible. A la loupe, les cristaux observés ce jour au col des Ombrintzes ressemblent à des petits grains ronds. Il est difficile pour les garçons de les caractériser (c’est toujours difficile la première observation). Les températures de la neige à l’ombre montrent que la couche située proche du sol est plus chaude que la couche de surface. Ceci est dû au fait que le sol garde une température constante proche de 0°C alors qu’en surface la neige enregistre les températures souvent négatives en cette période (en particulier la nuit). Nous nous arrêtons là pour ce matin, les garçons ont hâte de descendre la belle piste devant nous.
A midi nous nous retrouvons tous pour pique-niquer à 2200 m d’altitude.
Nous retournons sur un site que certains connaissent bien, celui où nous avions construit le quinzee l’an passé. Après manger, c’est l’occasion idéale, tant attendue par Émilie, pour faire … une bataille de boule de neige. Pendant que certain-e-s en profitent pour lézarder au soleil.
Louis veut essayer de construire un igloo mais cela s’annonce difficile car la neige ne colle pas. Peu importe Louis entreprend la construction de l’igloo avec l’aide d’Élie.
D’ailleurs pourquoi ne colle-t-elle pas ? Car elle est trop sèche ! Il n’y a pas d’eau liquide pour former un film d’eau entourant les grains et les collants entre eux. Si on regarde de plus près, cette neige ressemble à du gros sel, les cristaux sont gros et anguleux, ils ont aucune cohésion.
Et en surface la neige fait des plaques que Louis et Élie découpent aisément en briques et utilisent pour construire l’igloo. Pourquoi cette neige-là forme des plaques ? Au sein de cette couche de neige, les grains sont collés, ce qui forme une plaque. Il existe plusieurs types de cohésion de la neige qui dépend de la nature et du nombre de liaisons entre les grains. Ici la neige est essentiellement constituée de grains fins, collée par des ponts de glace. Cette neige forme une couche serrée et portante, présentant une bonne cohésion dite de frittage.
Louis et Élie construisent finalement une partie de l’igloo, le reste sera pour le lendemain.
Nous rentrons tous à l’hôtel pour débuter une séance d’activité en salle.
Des photos de divers cristaux de neige dite fraîche car fraîchement tombée du ciel permettent de réaliser toute la diversité de la neige. Certains cristaux sont bien connus comme les étoiles, mais d’autres en revanche sont surprenants, comme les boutons de manchettes, les balles de fusil ou encore les aiguilles. Il existe plusieurs classifications des cristaux de neige, qui témoignent de l’évolution des sciences :
Nakaya and Sekido (1938) : cristaux naturels en 21 catégories
Nakaya (1954) : 42 catégories
Schaefer (1951) : classification pratique des particules solides naturelles : 10 catégories
Magono and Lee (1966) : 80 catégories basées sur la forme. Classification la plus utilisée.
Fierz et al. (2009) : classification des cristaux aux sols en 9 catégories
Kikuchi et al. (2013) : classification des cristaux de neige, de glace et des précipitations solides en 121 catégories.
Élie propose avec enthousiasme que nous découvrions la 122e catégorie. Émilie est partante, c’est justement un des objectifs du programme de Recherche et d’Éducation EXPLOREARTH.
L’activité suivante est un puzzle, qui permettra à Louis et Élie de découvrir ce qui détermine la formation de tel ou tel type de cristaux dans le ciel.
Les principaux facteurs déterminant la forme des cristaux sont la température et la saturation en eau (gramme d’eau par m3) de l’atmosphère.
Il est déjà l’heure d’arrêter, nous libérons la salle pour la séance de Yoga. Blandine nous offre un bon moment de détente avant le dîner.
Ce soir, nous projetons des vidéos sur grand écran. Nous débutons la séance avec quelques films d’OSI, celui du séjour Ski & Cristaux de neige de l’hiver passé (voir ci-dessus) ainsi que le best-of des séjours 2015 (la version humoristique). Nous nous intéressons ensuite aux avalanches. Émilie montre où retrouver en Suisse le bulletin d’avalanche sur le site de l’Institut pour l’étude de la neige et des avalanches, la SLF (http://www.slf.ch/lawinenbulletin/i...). Nous regardons les prévisions du danger d’avalanches. Actuellement le risque est faible en raison des faibles accumulations de neige mais localement des petites ruptures du manteau neigeux peuvent avoir lieu.
Nous regardons des vidéos des 3 types d’avalanche que sont : les avalanches de neige poudreuse qui mobilisent des neiges sèches et meubles, les avalanches de plaque très fréquentes en altitude et les plus meurtrières et enfin les avalanches de neige humide qui sont consécutives au redoux et s’observent souvent au printemps.
Mardi 29 décembre 2015
3. Phase approfondissement
C’est encore une belle matinée de ski pour Emilie, Elie et Louis. Nous enchaînons les pistes avec entrain.
Nous nous arrêtons au sommet et nous sortons des pistes pour observer les cristaux. Cette fois nos descriptions et nos mesures sont plus minutieuses, donc nous arrivons à distinguer 3 couches au sein du manteau neigeux. Émilie relève les informations pour produire un premier profil nivologique sur lequel est noté, l’épaisseur des couches, la température, la dureté et les types de grains.
Nous redescendons pour pique-niquer au soleil devant l’igloo. Nous terminons le repas par une grande bataille de boule de neige et la construction de l’igloo.
Il ne sera pas aussi impressionnant que celui de l’année dernière par manque de neige de bonne qualité. L’idéal pour la construction d’habitats nordiques c’est la neige constituée de grains fins, comme celle qui était en surface et qui formait les plaques. Le groupe des pisteurs arrivent juste à temps pour pique-niquer. Il est déjà l’heure de repartir, on nous attend …
Le groupe accueil une nouvelle famille, composée d’Elouan, Alice, Carole et Thierry. Ils vont passer le reste des vacances avec nous.
A 14h nous rencontrons Monsieur Augustin Rion, un vrai Anniviard, guide de montagne et responsable des questions de sécurité sur le Val d’Anniviers, en particulier des problèmes d’avalanche. Il est l’un des six patrouilleurs de la station de St Luc/Chandolin et un des observateurs du SLF. Augustin débute par une présentation de la vallée d’Anniviers et de son climat si particulier (en Valais il fait beau 360 jours de l’année).
Même dans une petite station comme celle de St-Luc/Chandolin des avalanches se produisent et emportent des vies. Dans les Alpes Suisses on dénombre en moyenne 25 victimes d’avalanches par an. En France, en 2014, l’émission « Les pièges de la montagne » de C’est pas sorcier fournit une moyenne de 30 victimes par an. On parle d’environ 100 victimes d’avalanches par an dans toute la chaîne alpine. La majorité des victimes d’avalanches décède par asphyxie, c’est-à-dire par manque d’air, car lorsque que l’avalanche s’arrête la neige a expulsé la quasi-totalité de son air. La neige se densifie et devient très dure. Il devient impossible pour la personne prise dans la neige de se mouvoir et de se creuser une poche d’air autour du visage.
Augustin nous raconte son métier de patrouilleur. Chaque matin il consulte la météo et le bulletin d’avalanche. S’il est nécessaire de miner, il réveille ces collègues, s’équipe et monte avec les dameuses jusqu’en haut du domaine. De là, il accède en ski aux sites sensibles. Ce métier est difficile car il l’expose régulièrement aux avalanches. Il a déjà vu de nombreuses avalanches et a déjà été emporté. Son équipement consiste en un sac ABS qui se gonfle pour former un flotteur et le garder à la surface de la coulée de neige, un DVA, une sonde, une pelle, une corde et une laisse de chien…
Les explosifs utilisés pour déclencher les avalanches sont bien spécifiques. Ils doivent être sécuritaires pendant les manipulations et résister à l’humidité. Les explosions provoquent une onde de choc (surpression suivie d’une dépression) qui provoque une rupture au sein du manteau neigeux.
Le principal avantage de pratiquer le déclenchement préventif d’avalanches est que les avalanches provoquées sont moins volumineuses que les avalanches naturelles : le manteau neigeux étant purgé régulièrement.
Pour finir, Augustin nous présente la carte de la station de ski avec les zones sensibles et les 80 points de minage, nécessaires pour sécuriser le domaine. Les patrouilleurs arrivent à les faire exploser en 3 matinées avec une équipe de 6 patrouilleurs.
Il est à présent temps de redescendre à l’hôtel pour le goûter. Nous remercions chaleureusement Augustin de nous avoir donné de son précieux temps.
A la nuit tombée nous allons à l’Observatoire François-Xavier Bagnoud construit en 1995 à 2200m d’altitude. Nous rejoignons l’animateur Michaël Cottier qui nous ouvre les portes du funiculaire et nous montons de nuit à travers la forêt à l’affût du passage d’animaux. C’est un moment privilégié. En haut à Tignousa nous sommes seuls. Les canons à neige crachent en silence leur eau glacée.
Michaël nous entraîne dans le monde merveilleux de l’astronomie. Il projette une vidéo compilant des photos du soleil prises par la NASA avec l’instrument SDO (Solar Dynamics Observatory). On peut observer d’impressionnantes explosions solaires qui expulsent du matériel solaire dans l’Univers.
Juste pour le plaisir :
Ensuite, Michaël nous dévoile tous les astres observables en cette période de l’année grâce à un logiciel de planétarium.
Nous sortons sur la terrasse de l’observatoire pour regarder la nébuleuse d’Orion et l’étoile double Castor dans le nouveau télescope Dobson de 610mm de diamètre.
Le froid nous fatigue, nous redescendons en funiculaire à 20h30, nous soupons et nous allons nous coucher des étoiles et des flocons de neige plein les yeux !
Comme Thierry me l’a fait remarquer, dans la vallée, les gens ne manquent pas d’humour.
Mercredi 30 décembre 2015
Ce matin l’équipe de skieurs se compose de Louis, Élie et Émilie qui ont beaucoup progressé pendant la semaine, ainsi que de Carole, Elouan, Alice et Thierry qui entament leur saison de ski. Clara et Jacques skient de leur côté.
En fin de matinée, Louis, Elie et Emilie se séparent du reste de l’équipe pour prendre une piste verglacée qui emmène au départ du nouveau télésiège de la forêt.
Arrivés au sommet du Col des Ombrintzes nous retrouvons Clara et Jacques.
C’est l’occasion idéale pour faire une coupe du manteau neigeux.
Les caractéristiques du manteau neigeux sont les paramètres les plus importants pour la formation des avalanches. Des avalanches ne peuvent se déclencher que lorsqu’une couche fragile existe au sein du manteau neigeux. Pour l’évaluation du danger d’avalanche, il est donc important de savoir s’il existe des couches fragiles, et si la réponse est oui, de connaître leur étendue et leur degré de fragilité. Pour connaître la stabilité du manteau neigeux il faut effectuer une coupe et étudier le profil. Nos participants vont donc apprendre la méthode. Pour cela plusieurs mesures sont essentielles :
dessiner sur une feuille de papier une coupe avec une échelle verticale qui représente la profondeur du manteau neigeux. Annoter la date, l’heure, la localisation de la zone étudiée, l’altitude, l’orientation du versant, la déclivité, la température de l’air à l’ombre.
repérer les différentes couches,
mesurer leur épaisseur
tester leur dureté et leur cohésion
prendre les températures de la neige avec le thermomètre à sonde,
décrire et identifier les cristaux des différentes couches.
Pour effectuer cette coupe nous nous répartissons les tâches et travail d’équipe s’organise. Elie et Louis creusent un trou jusqu’à atteindre le sol. Louis mesure les températures de la neige. Jacques et Emilie observent les cristaux des différentes couches. Clara dessine la coupe et note les mesures au fur et à mesure. Nous faisons une découverte intéressante : sous 30 cm de neige par rapport à la surface on observe une plaque de glace épaisse de 0,5 cm. Au-dessus et en-dessous de cette plaque la neige est molle. C’est une croûte de regel, résultant d’un cycle prolongé de dégel-regel. Nous observons essentiellement des grains fins et des cristaux à faces planes.
Nous redescendons et retrouvons Carole, Elouan, Alice et Thierry pour un pique-nique frugal sur le site de l’igloo. Pendant ce temps Clara et Jacques enchaînent les pistes à Chandolin. Les enfants reprennent la construction de l’igloo. Emilie les lance sur une bataille de boule de neige, quelle mauvaise idée. Les enfants vont s’acharner et lui faire manger la neige !
Après le repas, l’équipe de scientifiques s’installe à l’ombre pour observer la neige. Emilie offre des loupes à Elouan, Alice, Carole et Thierry car c’est un outil indispensable aux naturalistes.
Dès les premières observations nous observons des cristaux particuliers appelés les gobelets.
Les gobelets sont des petites pyramides de glace striée pouvant atteindre plusieurs millimètres. Leur apparence est très éloignée de celle des cristaux étoilés de la neige fraîche. Ils forment des couches de neige à faible cohésion, constituant des zones de fragilité au sein du manteau neigeux. Ils sont donc redoutés pour les avalanches. En ce début d’hiver, toutes les conditions sont propices à leur formation : le temps est froid, sec, dégagé et calme ; le rayonnement solaire est peu intense ; le manteau neigeux encore peu épais et les nuits sont longues. Ces gobelets peuvent apparaître en quelques jours mais ne disparaîtront que par la fonte. Ils résultent de la métamorphose sous fort gradient thermique, lorsque persiste une grande différence de température entre la base et le sommet d’une couche de neige restée sèche depuis sa chute (gradient vertical de température supérieur à 5°C/m).
Voilà comment se forme ces surprenants cristaux :
Les cristaux primaires qui tombent du ciel se transforment différemment selon la température de l’atmosphère. Comme mesuré à plusieurs reprises au cours de la semaine le sol reste à 0°C. La différence entre la température du sol et celle de l’air la nuit engendre un gradient thermique. L’air chaud émanant du sol transforme l’eau solide de la glace en eau vapeur, c’est le phénomène de sublimation, comme a dit Carole. Si le gradient thermique (différence de température entre la base et le sommet d’une couche de neige, exprimé en °C/m) est faible, la vapeur d’eau circule au sein du manteau neigeux dans toutes les directions puis congèle sur toutes les faces des grains de neige des couches supérieures. Cela aboutit à des grains ronds. En revanche, si le gradient thermique est fort, la vapeur d’eau remonte au sein du manteau neigeux que dans une seule direction. Cette vapeur d’eau congèle alors sous forme de lamelles qui se superposent et cela aboutie à des gobelets.
Thierry, Elie, Louis et Emilie effectuent un profil nivologique pendant qu’Alice, Elouan et Carole prélèvent des crottes et des empreintes pour notre expert Maxime. Elie est persuadé que se sont celles d’un ours. Finalement Maxime identifiera des crottes de cerf (avec un bout pointu) et de lapin.
De retour à l’hôtel nous savourons un bon chocolat chaud pour le goûter.
Nous continuons sur un atelier biscuit ou tous les enfants mettent la main à la pâte. Nous fabriquons des biscuits de toute forme : de cristaux de neige, d’animaux, de O, de S, de I, des cœurs puis des boules, des carrés pour finir par des formes abstraites.
En voici la recette pour les gourmand(e)s :
Milanais
250g beurre
200g sucre
2 œufs entiers
1 jaune d’œuf
Écorce râpée d’un demi-citron
1 prise de sel
500g de farine
1 jaune d’œuf pour badigeonner
Battez le beurre en mousse.
Incorporez peu à peu le sucre, les œufs entiers, le zeste de citron et le sel et mélangez bien.
Ajoutez la farine tamisée.
Pétrissez le tout en une pâte délicate. Laissez reposer au réfrigérateur au moins 2h (au mieux 1-2 jours).
Abaissez la pâte à 5-7 mm d’épaisseur.
Découpez et disposez les milanais sur une plaque à gâteau. Badigeonnez-les du jaune d’œuf.
Cuisez à four préchauffé (200°C) pendant 15min environ.
Succès garanti !
Nous finissons la journée tranquillement et nous allons nous coucher de bonne heure car demain c’est la fête !
Jeudi 31 décembre 2015
Aujourd’hui nous partons tous à Zinal, une ville située au fond de la vallée du Val d’Anniviers, réputée comme point de départ pour l’ascension de plusieurs sommets de 4000 m. Arrivée au parking, Émilie sort quelques déguisements pour souligner ce jour de fête.
La petite équipe enchaîne les pistes. Aujourd’hui, Olivier nous accompagne. Tout le monde semble heureux, les enfants ont beaucoup progressé pendant la semaine. Elouan et Alice se font également plaisir.
Le domaine skiable de Zinal est à la même altitude que celui de St-Luc mais exposé au Nord. C’est une des raisons qui explique un meilleur enneigement des pistes. Depuis le domaine skiable nous avons une vue imprenable sur le glacier de Zinal.
Ce midi nous pique-niquons dehors, au pied des pistes. Laure, Blandine et Maxime nous y rejoigne après avoir fait une belle ascension de 800 m environ. Laure est fatiguée mais satisfaite de cet effort.
Les skieurs continuent à skier l’après-midi, ils reviennent à temps pour le goûter sauf Élie, Louis et Olivier qui ont préféré descendre quelques pistes supplémentaires.
Après le goûter, nous sortons les ballons, les boules et les guirlandes car OSI est responsable de la décoration du salon et de la salle de réception. Tout le monde participe et ajoute sa touche artistique, même Nathan. Ce soir est une soirée doublement spéciale, nous fêtons la nouvelle année et l’anniversaire d’Élie qui aura 8 ans le 2 Janvier 2016. Nous débutons les festivités par un apéritif servi dans le salon. Nous dégustons des spécialités locales, du Fendant du Valais, de la viande séchée et du fromage. Au repas nous partageons une fondue chinoise au bœuf et au poulet accompagné de bonnes frites. Notre groupe aura le droit à un double dessert, tout d’abord un beau gâteau d’anniversaire aux pommes spécialement décoré pour Élie et du tiramisu.
Élie souffle ces bougies d’anniversaire et ouvre ces cadeaux.
DJ Louis met de l’ambiance dans la salle, nous finissons tous sur la piste de danse. Il avait même prévu un compte à rebours pour les 12 coups de minuit. Pour les adultes une coupe de Prosecco accompagne ce passage à la nouvelle année.
Mais la fête ne s’arrête pas là. La vallée brille de mille feux, depuis le balcon on peut observer en même temps les feux d’artifice de Grimentz, Vissoie et St-Luc.
Et encore une fois, BONNE ANNEE !!!
Vendredi 1 janvier 2016
4. Retransmission
Ce matin, tout le monde se lève plus tard, car les vacances c’est aussi fait pour se reposer.
Nous arrivons à un moment crucial de la semaine, c’est le moment de préparer la retransmission. Mais avant cela nous profitons d’un dernier petit déjeuner tous ensemble dans la conviviale et ensoleillée salle de réception de l’Hôtel du Cervin.
Au forum, nous faisons le bilan de la semaine. Tout le monde semble satisfait de ces vacances. Maxime, Anosone et Emilie remercient tout le monde pour leur participation et leur bonne humeur. Nous remettons des cadeaux à chacun, un tee-shirt, une casquette, un crayon et des autocollants.
Alice, Elouan, Carole et Thierry partent se promener sur le sentier des planètes. Clara, Jacques et Héléna préparent leurs valises. Une longue route les attend et de la neige est annoncée. Louis prendra tout de même le temps de recopier au propre une des coupes du manteau neigeux que nous avons faîte.
Le reste du groupe prépare la retransmission.
Elie a décidé de poser 3 questions : combien y a-t-il de formes de cristaux de neige différents ? La température de la couche de neige au contact avec le sol est-elle plus chaude ou plus froide que la couche en surface ? Avec quoi les patrouilleurs déclenchent-ils les avalanches ?
Olivier a décidé de retransmettre notre entretien avec Augustin. Il formule plusieurs questions sur les avalanches. Il montre les taux de survie de victimes ensevelies sous une avalanche. Au bout de 15min 10% des personnes ensevelies meurt par asphyxie, ensuite le taux de survie chute rapidement.
A 15h30 nous débutons l’installation des stands dans le hall du funiculaire. Chacun met en place ces affiches et ces devinettes. Objectif Sciences International offre des boissons chaudes et des bons milanais aux skieurs et aux randonneurs.
Plusieurs dizaines de personnes se sont arrêtés pour écouter Laure, Blandine et Maxime sur les traces d’animaux ainsi qu’Elie, Olivier et Emilie sur les cristaux de neige et les avalanches.
- Elie présente aux publics ces découvertes sur la nivologie (l’étude de la neige et le manteau neigeux)
Nous rentrons à 17h avec le dernier funiculaire. Nous faisons un petit arrêt vin chaud et chocolat sur la place de la marmotte ou les tambours animent la place. La société des Fifres et Tambours de Saint-Luc, crée en 1933 représente bien les traditions anniviardes.
Ce soir, il ne reste que Laure, Maxime, Anosone et Emilie. La soirée se finit de bonne heure.
Samedi 2 janvier 2016
Ce matin Laure quitte le centre de St-Luc.
Vers 10h, la neige se met à tomber. Quel scandale ! Il suffit que tout le monde parte pour que de jolis cristaux tombent du ciel. La neige ne s’arrêtera plus de tomber. Le 3 et le 4 Janvier il tombera plusieurs dizaines de centimètre. St-Luc a retrouvé son manteau blanc. Voilà ce que ça donne vu depuis le Roc d’Orzival à 2852m d’altitude.
Ce fût une belle semaine, chacun s’est amusé tout en apprenant. Nous avons essayé de vous transmettre quelques outils et gestes de sécurité à pratiquer lors de sorties en haute montagne : sensibilisation aux avalanches, démonstration des appareils de sécurité (DVA, sac ABS, pelle, sonde), préparer ces sorties en amont (lecture du bulletin d’avalanche, je vous recommande l’application White Risk de la SLF https://www.whiterisk.ch/fr/?view=s... ), appréciation des risques (au moins regarder la cohésion des grains au sein du manteau neigeux) et enfin regarder si l’alarme de la station de ski est allumée. Vous ne regarderez plus la neige de la même façon…
Et si le cœur vous en dit rendez-vous l’année prochaine pour fêter la nouvelle année 2016.
Emilie