Accueil > Nos Actions > Références & Supports > Supports Pédagogiques & Techniques > Les glaciers : impact du changement climatique
Le Projet
Introduction
Les glaciers tout autour de la planète possèdent 95% de l’eau douce de la planète, à ce titre ils sont des régulateurs hydriques. Mais ils sont surtout des indicateurs climatiques, car avant tout un glacier est une masse d’eau à l’état solide qui va fluctuer en fonction du climat (chute de neige, canicule) et donc s’agrandir ou régresser.
Nous nous intéresserons en particulier à l’impact du changement climatique sur les glaciers ainsi que l’impact de la fonte des glaciers sur les populations.
L’évolution glaciaire depuis 1850
A la fin du petit âge glaciaire (1300-1380 et 1550-1850), période plus froide et humide qu’aujourd’hui, les masses glaciaires de la planète ont débuté un décroissement. Cette baisse correspond d’ailleurs avec le début de l’ère industrielle humaine, période appelée par certains climatologues l’anthropocène. C’est aussi à cette période que la glaciologie (étude de la glace et des glaciers) se développe en particulier dans les Alpes.
Ci-dessous, glacier des sources de l’Arc (Maurienne) et sa moraine.
Les constats sont édifiants, les glaciers des Alpes ont perdu 40 à 50% de leur surface, idem dans les Pyrénées où ils ont perdu environ 85% de leur surface.
Graphique sur l’évolution des glaciers pyrénéens.
Dans le reste du monde, les glaciers sont plus ou moins touchés en fonction de leurs altitudes et expositions, mais là aussi la fonte se voit à l’œil nu.
Ci-dessous, photos des glaciers du Kilimandjaro, toit de l’Afrique, 5895m
Depuis les années 90, la fonte des glaciers s’est accélérée et les bilans de masse des glaciers sont quasiment toujours négatifs.
Qu’est ce qu’un bilan de masse ?
Pour les glaciers tempérés, une année peut se diviser en deux saisons.
Tout d’abord l’hiver glaciologique qui court du 1er Octobre au 31 Mai. Pendant cette période, le glacier accumule de la neige.
Puis l’été qui lui court du 1er Juin au 30 Septembre. Pendant cette période, le glacier perd de la neige, cela s’appelle l’ablation.
A la fin de l’été, on constate la différence entre l’ablation et l’accumulation de l’année pour obtenir le bilan de masse. Pour avoir un bilan de masse positif, le glacier doit posséder une zone d’accumulation d’au moins 2/3 de sa surface, en dessous cela signifie une fonte.
Photo : glacier de la Grande Motte à Tignes, zones d’accumulation et d’ablation.
La santé des glaciers montre donc l’évolution de notre climat et par la même occasion les impacts qu’ils peuvent engendrer sur la planète.
L’impact de la fonte
Une montée des eaux
Il est démontré que si l’ensemble des glaciers du globe fondait (nous ne le verrons pas, soyez sans crainte), le niveau des mers augmenterait d’environ 60/70 m. Mais sans en arriver jusque là, l’augmentation du niveau des mers lié au changement climatique a déjà impactée de nombreuses îles des océans Indien et Pacifique. Si des masses de glaces importantes venaient à fondre (Groenland et Antarctique), le niveau des mers pourrait alors augmenter significativement de plusieurs dizaines de centimètres et de nouveaux réfugiés climatiques apparaîtraient.
L’eau, élément essentiel à la vie
Un problème de taille va poser de nombreuses complications ; la gestion de l’eau qui s’écoule chaque seconde des glaciers. Cette manne aujourd’hui disponible sans limites dans les massifs montagneux va devenir de plus en plus rare.
Des exemples frappants sont déjà à l’ordre du jour.
Un pays comme la Bolivie dont les glaciers ont perdu entre 50/70% de leur surface est totalement dépendant de ces derniers. En effet, la capitale la Paz située à quelques kilomètres des glaciers du Zongo et du Chacaltaya et qui fondent 5 à 6 fois plus vite aujourd’hui qu’il y a 50 ans donnent à la capitale l’essentiel de son eau.
Il est en de même pour les glaciers Himalayens qui contribuent pour 50 à 60% de l’eau des rivières du massif. (Singh et Bengtsson, 2004, Hydrological Processes).
On estime aujourd’hui qu’1/6 de la population dépend de la fonte des neiges et des glaces pour l’eau potable, l’irrigation et la production d’électricité. (Vincent et Francou, 2007 Belin, Les glaciers à l’épreuve du Climat).
Fonte des glaciers et catastrophes
La fonte des glaciers peut entrainer des changements locaux du paysage avec différents types d’érosion.
Lacs morainiques ou périglaciaires
Une moraine est un amas de blocs de pierres, de terre et de matériaux charriée par le glacier quand celui avance. Il existe de type de moraines, la moraine frontale et la moraine latérale.
Nous insisterons sur la frontale car elle est des fois un barrage pour le torrent émissaire du glaciaire et forme un lac. Une moraine est fragile et peut en cas d’une montée brutale des eaux céder et déverser l’ensemble de son lac dans la vallée.
exemple du lac d’Arsine dans le massif des Écrins
De nombreux exemples de débâcles de lacs sont à dénombrer dans les Alpes et les autres massifs. Ces catastrophes ont pu faire entre 100 et 200 morts. Rien qu’au Népal et Bhoutan, une quarantaine de lacs sont sous surveillance. (Zryd, 2008 Le savoir Suisse, Les glaciers en mouvement).
Les lacs glaciaires et intraglaciaires
Ces lacs sont sur ou dans le glacier. La glace étant imperméable, l’eau s’accumule et les lacs grossissent. De là, deux possibilités, soit le lac trouve un exutoire naturel soit le barrage de glace lâche.
La catastrophe de St Gervais
En 1892, la glacier de Tête Rousse tua 180 personnes en déversant 200 000 m3 d’eau et 90 000 m3 de glace ainsi que des matériaux emportés. Un lac intra-glaciaire s’était formée en son sein. C’est à dire qu’un lac était emprisonné dans un barrage de glace souterrain. Ce lac est depuis sous sur surveillance car il a une fâcheuse tendance à se reformer. La dernière fois se fut en 2010, et de grands travaux furent mis en place afin de vidanger le lac sans danger.
Les Avalanches de glaces
Ce type d’avalanche de glace ou de pan entier d’un glacier entraine tout sur son chemin. L’exemple le plus frappant se situe au Pérou en 1962 Mont Huascaran, une avalanche détruit 9 village et fait 4000 morts. Ces avalanches sont le plus souvent liées au réchauffement climatique, la glace se décollant de son socle.
L’ensemble des ces catastrophes sont dorénavant de plus en plus surveillées. En Europe a été mis en place un suivi des glaciers les plus dangereux appelé Glaciorisk (http://glaciorisk.grenoble.cemagref...).
Conclusion
Les glaciers ont donc un avenir incertain. Le forçage naturel associé au forçage anthropique annoncent des augmentations de température de l’ordre de 1.5 à 6° C à l’horizon 2100. Les glaciers les plus bas seront les plus vulnérables ainsi que les glaciers tropicaux qui se trouvent pour beaucoup d’entre eux à la limite des sommets.
Les cycles climatiques (cycle de Milankovitch) inverseront peut être cette tendance, mais une glaciation n’est pas forcement plus facile à gérer.
A lire également : Les glaciers ou encore Bilan énergétique d’un glacier alpin
Bibliographie pour aller plus loin
Histoire de la glaciologie : Frédérique Rémy, Édition Vuibert, 2007.
Les glaciers en mouvement : la population des Alpes face au changement climatique : Amédée Zridd, Edition le Savoir Suisse, 2008.
Les glaciers à l’épreuve du climat : Bernard Francou et Christian Vincent, Edition Belin, 2007.
Sites internet :
Association de glaciologie pyrénéenne Moraine : asso.moraine.free.fr/
Laboratoire de glaciologie de Grenoble : lgge.ujf-grenoble.fr/
Glaciorisk, site européen sur le risque glaciaire : glaciorisk.grenoble.cemagref.fr/projet_glaciorisk.htm